Admiration

Lulu s’approche et s’assied à côté du moniteur qui bouquine. 

Celui ci, ému de tant de sollicitude, n’a pas le temps de demander ce qui lui vaut cette délicate attention que la donzelle attaque : 

- Je te vois souvent lire les exploits d’acrobates de cirque alors que tu nous rebats les oreilles de tes maniaques précautions de sécurité ! N’y a t-il pas là contradiction ? 

- Meûûûh non Lulu ! Le pilote de show ( chaud ? ) présente des évolutions spectaculaires, souvent proches des frontières du domaine de vol de sa machine, mais longuement préparées et répétées, avec le souci obligé de la sécurité du public. En plus ce pilote est souvent un professionnel des essais, sinon il s’enquiert auprès de ceux ci de tous les pièges qu’il pourrait rencontrer et bénéficie souvent de l’assistance du constructeur auquel il fait une remarquable publicité ! 

Les gorets s’agglutinent, attirés ( voire jaloux ? ) de l’aparté. 

L’ahuri, fin modéliste fana de performance et d’histoire de l’aviation, questionne : 

- Pourrais-tu nous faire une liste de tes idoles ? 

- Je vais en oublier… mais j’ai vu au cinéma dans ma jeunesse voler Marcel Doret sur son Dewoitine 27 d’avant-guerre… j’ai vu en vrai Francis Liardon sur son Bücker 133… Hanna Reitsch en voltige planeur… je pense à Bob Hoover sur son Aérocommander bimoteur… Sean Tucker avec son Lancair Columbia de tourisme… Turcat avec son Concorde … N’oublions pas quelques modélistes… et légion d’inconnus que vous voyez aux meetings. 

- Pourquoi tant de risques ? dit le renard. Pour montrer qu’on est le meilleur ? Gagner des sous ? Satisfaire la populace toujours sensible au goût du sang et la détourner par des jeux de cirque des sujets importants mais plus austères ? 

Le matheux, philosophe, intervient en disant que le goût du sang de la populace ne l’empêche pas de tirer parti financier du crash lorsqu’il survient. 

Le moniteur dit que Farnborough et le Bourget furent aussi des étendards politiques… Mais que si l’on cause avec ces pilotes on rencontre des gens qui se font plaisir et sont contents de faire plaisir… Ceux qui ne comprennent pas ça ne seront jamais des aviateurs. 

Lulu repart à l’attaque : 

- N’est tu pas allé en douce en Helvétie voler en Bücker à l’invitation de cette dame vélivole que tu suivais comme un petit chien ? 

Le moniteur, dévoilé, dévie adroitement en disant qu’il n’a volé qu’en double sur Bûcker 131, qu’il a fait un peu de voltige, qu’il considère que cet avion est le plus extraordinaire qu’il ait piloté et qu’il le place au sommet de son Panthéon. 

Lulu l’achève en observant que bien sûr on ne peut pas prêter des pièces de musée à un inconnu . 

L’assistance reste un moment silencieuse et la triomphante ( et jalouse ? ) Lulu propose une tisane générale pour calmer les esprits pendant que chacun veut prendre la parole pour raconter ce qu’il a vu de formidable dans le ciel. 



Voici quelques vidéos : un clic sur l'image...

Francis Liardon sur son Bücker 133
Mundial F4C-G-H
Bob Hoover
Christoph Zahn with DFS Habicht E D-1901
Sukhoi-37 : dancing in the sky.