Citius

Citius, altius, fortius ( plus vite, plus haut, plus fort ) 

    Lulu, latiniste émérite, apostrophe le moniteur qui vient d’écrire ces mots au tableau en disant qu’il dépasse cette fois les bornes de la bienséance. 

     -Meuh non Lulu ! La devise olympique de Coubertin s’applique aussi à l’aviation : ne cherche-t-on pas à voler vite et haut avec la charge la plus lourde ?… On pourrait ajouter : plus loin … 

    - Longius ! traduit instantanément Lulu. 

    - Je te fais confiance… Mais je voulais parler performances et comment les améliorer car nos trapanelles à hélices n’ont pas progressé et plutôt rétrogradé depuis avant-guerre . 

    Devant cette affirmation provocatrice la troupe converge et le renard questionne : 

    - Il y a quand même des avions de tourisme qui vont plus vite que tes préférés Caudron Simoun, Super Rafale, Percival ou Messerschmitt Taifün ! 

    - Certes... mais avec 100 cv de plus ! … Soit 20 litres à l’heure brûlés en trop ! …  Et bravo : tu viens de citer des avions inégalés ! Je ne vous abreuverai pas de chiffres que vous trouverez dans les bouquins mais allons à l’essentiel : le poids ! La charge enlevée dépend de la portance de l’aile, donc de sa surface et de sa vitesse au carré… et peu du profil car si on a un profil très porteur il traînera beaucoup, interdisant les hautes vitesses bénéfiques au carré. 

    - Tu rabâches ! Dit Lulu, décidément en forme aujourd’hui. 

    - Oui, mais il y a des clous difficiles à enfoncer dans vos têtes de bois ! Plus l’avion vide sera léger plus on emportera de bonhommes … ou de dames ( Ouf ! Lulu lui jetait un regard noir pour avoir failli les oublier ) ou d’essence avant d’atteindre la masse maxi décollable ! 

    Veut-on aller haut pour passer la montagne qu’il nous faut un avion peu chargé au mètre carré et de bon allongement car la densité de l’air à 5 000 m. n’est plus que moitié et il faut aller un quart plus vite ! 

    - Pourquoi de bon allongement ? demande l’ahuri . 

    - Parce que l’expérience montre que la charge à l’envergure ( longueur de bord d’attaque libre de verrues perturbatrices tels des moteurs ) est un bon résumé de qualité sustentatrice. 

    Veut-on être fort, par exemple tourner raide, qu’il faut réserve de portance pour étaler les G ! 

    Veut-on aller loin qu’il faut ou beaucoup d’essence ou aller vite, ce qui est plus économique à puissance égale et pour ce faire il faut peu de traînée. 

    - Et où va t-on chasser la traînée ? Demande le renard. 

    - Je vous laisse me le dire. 

    - De douces courbes que l’air caresse et des surfaces lisses sans rivets boutonneux ! dit l’aérodynamique Lulu. 

    - Des interactions bien étudiées à la soufflerie entre aile et fuselage et entre fuselage et empennages ! Dit le renard. 

    - D’où le maître couple du fuselage au bord de fuite de l’aile et des empennages décalés longitudinalement ! Précise le matheux. 

    - Et une traînée de refroidissement la plus faible possible pour un moteur de faible surface frontale, de bonne puissance massique sans trop de gourmandise avec une hélice grande et lente à bon rendement, dit l’ahuri. 

    - Vous voyez quand vous voulez réfléchir ! J’ajouterai que plus l’avion sera petit plus il sera léger, aura moins besoin de surface, donc aura moins de traînée et se satisfera d’un moteur moins puissant plus léger… Mais sa petite aile nécessitera des volets pour augmenter sa portance aux basses vitesses facilitant le " posage ", du même coup leur freinage permettra des descentes plus pentues donc plus précises ! Je constate que mes rabâchages portent leurs fruits et pour vous remercier de votre attention je propose une tournée de jus d’ananas. 

    - Amélioré ou pas le jus d’ananas ?… Et tu as oublié la finesse ! Il est vrai qu’elle n’est pas donnée à tout le monde ! Lulu est décidément en très grande forme. 

    Prochainement nous verrons des exemples chiffrés de qualité qui vous surprendront. 

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