Flèche et but

 Devant les dessins au tableau Lulu murmure que ce pauvre moniteur est de plus en plus antique.  

Il commente : 

    - En tout point de sa course la flèche indique où elle irait si sa trajectoire se poursuivait rectiligne… 

    - Mais elle ne l’est pas ! dit le renard . 

    - Parce qu’elle n’a pas d’ailes pour assurer sa portance ni de propulsion pour compenser sa traînée ! Donnons lui les deux, suffisantes à l’instant choisi :

     Elle continuera tout droit, visant son point d’aboutissement. 

    - Qui sera au dessus de l’horizon, sur ou en dessous, selon l’instant initial considéré. dit le matheux. 

    - Bravo ! Si cette flèche est la girouette d’incidence d’un avion, elle indique à tout moment la direction du vecteur vitesse et, si je ne change rien au réglage de la machine volante, le point d’aboutissement de celle-ci, figuré sur le collimateur Klopfstein dont on a déjà parlé. 

    - Mais alors, dit l’ahuri, non seulement cette girouette nous donne l’incidence mais en plus le point d’aboutissement, comme sur la navette spatiale ! C’est un instrument fantastiquement simple et efficace ! 

    - Je ne te le fais pas dire ! Vous connaissez maintenant la raison de mon attachement à cette chose antique trop longtemps oubliée. Buvons à st. Constantin et st. Gilbert !

    - Décidément, dit Lulu, tu ne perds pas une occasion de boire, mais ce sera du jus d’orange parce que la girouette d’incidence est habituellement sur le côté du nez ; pourquoi la dessines-tu sur la vitre latérale ? 

    - Pour que le pilote la voie ! 

    Et le moniteur boit son jus d’orange sur ces paroles qu’il espère prophétiques.