Navette spatiale

Ce soir la troupe est silencieuse et scotchée devant la télé où on voit le collimateur d’approche de la navette spatiale de la place pilote ! 

C’est une cassette enregistrée par le matheux, elle repasse en boucle car le renard, chronomètre en main, suit la descente ahurissante de l’altimètre pour mesurer la vitesse de chute. La vitesse sur trajectoire, stable, est bien visible. 

Le matheux ronchonne car il obtient des résultats invraisemblables et expose ses griefs : 
Ce sont des nœuds et des pieds/minutes…des kilomètres/heure et des mètres/seconde …ou un mélange des deux? La peste soit des unités folkloriques de ces maudits anglais! 

Le moniteur, réveillé de sa digestion d’un excellent lapin pris au collet par l’ahuri et cuisiné par Lulu, se manifeste : 
-Je suppose que vous cherchez la finesse de l’engin ? C’est entre 3 et 4 ! 

Lulu dit qu’avec un cul aussi peu profilé ça ne l’étonne qu’à moitié. 

Tandis que le moniteur affine son réveil du fond de son verre de Bourgogne la troupe calcule fébrilement et trouve enfin les unités mystérieuses. 

Le moniteur prend la parole avec force : 
Puisque vous êtes de bons petits (le lapin doit y être pour quelque chose) vous allez être récompensés. Allez chercher le parachute de queue du Janus. 

Le magnifique parachute à lanières est soigneusement déplié, talqué, replié dans son sabot qui est replacé sous la queue du Janus. 
La troupe est intriguée mais le renard devine : 
On va faire la navette spatiale ? 

Avec la courbure toute baissée, les AF grands ouverts et le parachute aussi on aura une finesse comparable vers 95 km/h. 
On commencera la manip vers 1000 m de haut à une distance d’environ 3 km. 
Vous n’aurez droit qu’à un seul arrondi parce que la vitesse va chuter dramatiquement quand vous allez tangenter le sol. A demain matin. 

C’est dans un silence précédent les grands évènements que la troupe regagne ses quartiers tandis que le moniteur décide qu’il serait criminel de laisser s’éventer le fond de Bourgogne.