SNIFR

Plus de pendule

    La météo n’est pas propice aux planeurs. En attendant l’éclaircie, la troupe converge devant le tableau où le moniteur vient d’écrire ce titre énigmatique. 
- T’es enrhumé ? demande Lulu. 
- Non, mais c’est bien une affaire de pif ! 
- Plutôt en panne d’instruments ! ( reste correct murmure Lulu ) s’exclame le renard, qui a déjà entendu le vieux appeler « pendules » les cadrans du tableau de bord où les aiguilles ne sont jamais où il l’exige. 
- Bravo ! …et SNIFR signifie « Super Non Instruments Flight Rules » ! 

On va prendre le cas du Piper. Il écrit : 

Vitesse 

- En vol stabilisé, deux à bord et le plein, avec les gaz à mi-course et l’horizon parallèle à l’intrados, on est à 120 km/h. pour 2000 tours/mn. 
- Mais le compte-tours est en panne ! dit l’ahuri qui se réveille. 
- Certes, ce pourquoi je vous rabâche d’écouter et de sentir le moteur, seriez vous moins bons qu’avec vos mobylettes ? 
La troupe fait silence. 
- Comme l’incidence commande la vitesse ce serait bien d’avoir une girouette comme le fil de laine que tu nous as collé latéralement sur la verrière du planeur…mais ça ne marcherait que le moteur arrêté… dit le renard. 
- Juste quand on en a bien besoin…mais le nez du planeur est propre aérodynamiquement …sur la trapanelle pour trouver un coin de vitrage où l’écoulement n’est perturbé ni par les cylindres qui dépassent et la pale d’hélice qui, selon Murphy, sera calée au mauvais endroit, sans compter la proximité de l’aile au dessus, ça va pas faire !
 Que reste-il pour apprécier la vitesse ? 
- La pente! propose le matheux. Si le nez est plus bas sous l’horizon la vitesse sera plus élevée ! 
- N’oublie pas que le moteur est arrêté et que, sans action néfaste sur la profondeur, le nez se sera déjà stabilisé bien sous l’horizon car la finesse est médiocre (10). On peut faire des traits au crayon gras sur le pare-brise pour repérer les vitesses par la hauteur de l’horizon…pour diverses valeurs de trim et manche libre en profondeur. 

Inclinaison

- Facile ! On la voit à l’angle des montants du pare-brise sur l’horizon ! dit l’ahuri. 
- N’oublie pas les haubans où on pourrait faire un trait de peinture qui serait sur l’horizon extérieur au virage quand on est incliné à 30° par exemple. Ce sera plus précis. 

Altitude

Là la troupe est muette. 
Le moniteur lui demande de s’approcher du Piper et de chercher. 
Le renard trouve une croix sur la vitre latérale et un trait de peinture sur le bas des haubans et demande ce que c’est. 
Le matheux a l’inspiration et va au tableau en criant « eurêka ! ».
Tout le monde le suit ( brave enfant ). Il dessine des triangles semblables et commente. (voilà son dessin) 

- Entre la croix où on met l’œil et les traits il y a un mètre. Les haubans, à l’endroit des traits, sont espacés d’un tiers de mètre. Si je vole à 100 m de hauteur, à 120 km/h un point du sol défilera d’un hauban à l’autre en une seconde (il calcule très vite de tête !), en 10 secondes à 1000 mètres, en 5 sc. à 500 m…Donc j’ai la hauteur de survol en comptant les secondes de défilement ! 
Génial ! Gueulante de l’assistance et applaudissements. 

- Le moniteur tempère les enthousiasmes en avouant que toutes ces recettes sont vieilles comme l’aviation mais un peu oubliées quoique salvatrices. 

    Le soleil fait son apparition et la troupe sort d’autorité le Piper pour vérifier si le vieux ne radote pas.