Traînée

 En voyant le mot au tableau la coquine Lulu pouffe et demande au moniteur de mieux respecter la dame de mauvaise vie! 

    - Meûh non ! Il s’agit de la traînée aérodynamique ! 

    - … et tu insistes en disant qu’elle est bien carrossée ! 

    Le moniteur jette l’éponge car il n’aura pas le dernier mot, tandis que les aiglons convergent, attirés par la joute oratoire. 

    - Pression et frottement résument la traînée : 

     La pression est le résultat du choc massif des molécules d’air sur les surfaces qui font barrage à leur écoulement. 

    Le frottement est causé par l’adhérence de ces molécules sur les surfaces qu’elles caressent . 

    - L’air est collant ? Même si les surfaces sont très lisses ? questionne l’ahuri. 

    - Oui, quand même ! La preuve c’est qu’on constate à la soufflerie ( Ludwig Prandtl en 1901 à Göttingen ) que la couche d’air en contact avec la surface s’écoule très lentement et que plus on s’écarte de la surface plus les couches sont rapides, pour retrouver après quelques millimètres ou centimètres la vitesse générale de l’écoulement. On diminue quand même le frottement si les surfaces sont très lisses, comme sur les planeurs ; hélas, moins on va vite plus cette couche ralentie, appelée « couche limite » (Grenzschicht en teuton ), épaissit ; ce qui entraîne pour nos petites maquettes par excès de traînée une finesse inférieure à leurs grands modèles. 

    - Wâoûh !, dit l’ahuri, 1901 c’était il y a longtemps ! 

    Le matheux dit qu’en Sciences les découvertes sont souvent comprises et servent bien longtemps après et que le temps de la Science ignore la courte vie humaine… et il regroupe les traînées en disant que dans les deux cas, pression ou frottement, on a ralenti une masse d’air et que l’énergie dissipée devra être compensée par une autre de sens opposé , fournie par un moteur ou une descente, pour que la machine ne ralentisse point. 

    - Exact jeune philosophe ! Pour être complet, l’air accéléré au long des surfaces bombées a lui aussi consommé de l’énergie puisqu’on a augmenté sa vitesse ! 

    - Que se passe t-il en aval de l’obstacle ? demande le renard. 

    - Regardez derrière une pile de pont : On voit des remous qui remontent à contre-courant et font donc pression sur la culée. 

      
    - Alors ils diminuent la traînée ? 

    - Un peu, mais pour les mouvoir il a fallu beaucoup d’énergie qui est bien prise quelque part…  et cette importante traînée, dite « de culot », doit être minimisée par des formes arrière finissant finement : Regardez une truite vue de dessus : Vous avez un profil symétrique à traînée mini ! 

    - Mais c’est pas pareil : L’air est compressible et pas l’eau ! 

    Un ancien qui écoute la classe éclate de rire et s’adresse au moniteur, venant à son secours : 

    - Ah les bons petits : Ils posent les bonnes questions ! … C’est pas pareil en effet mais suffisamment ressemblant pour servir d’exemple. 

- Comme quoi, dit Lulu, la nature est un modèle qui se répète ! 

- Et la science essaye de comprendre la nature ! Conclut le matheux.