Flottement

…flutter, buzz , oscillations aéroélastiques …ou tout simplement : « merde ! shit!  fuck !» (les autres pays n’ont que 4 lettres : on est les meilleurs !) quand ça arrive, car le phénomène a empoisonné l’aviation et l’empoisonne encore par les deux bouts, des ULM à la navette spatiale.

La Jeanne est devant, on a un bon rab de hauteur et le terrain se devine à l’horizon sous le nez du Janus. « Pousse Jeanne, 180/200 (la VNE est à 250 en France et 270 en Allemagne … ils n’ont pas les mêmes mètres ?) y’a plus personne en l’air, y vont pas nous laisser d’apéro!» L’argument porte, le Janus baisse le nez, accélère et glisse comme de l’huile dans l’air calme du soir.
RRRRR! Rafale de mitraillette, le manche vibre latéralement. «Merde !». L’instructeur ouvre en grand les AF en se demandant si tirer sur le manche peut servir en mettant les biellettes d’ailerons sous tension (les récits des anciens s’écoutent à l’apéro, d’où son importance!) mais la vibration s’arrête instantanément. Gros soulagement : on était un peu bas pour sauter.
Le planeur passera en grande visite, ne le refera jamais et vole toujours.

C’est quoi cet épouvantail ?

Une aile est flexible en torsion et son aileron a du jeu ; si je la tortille et que je la relâche elle vibre, la charnière de l’aileron suit le mouvement MAIS l’aileron a de l’inertie et son BF ne suit pas: il n’est plus dans l’alignement; le courant d’air le réaligne, il va en butée de son jeu par inertie et si, par manque de pot, la charnière est en train de repartir dans l’autre sens, le cycle recommence.
 Si la fréquence de vibration de l’aileron, autre manque de pot, s’accorde à celle de l’aile, le mouvement s’amplifie (résonance) jusqu’à rupture !
 L’énergie nécessaire est fournie par le courant d’air ; elle est faible et peut se comparer à la petite poussée périodique suffisante pour entretenir le mouvement d’une balançoire. 

Remède :
Avoir une aile rigide en torsion. 
Équilibrer l’aileron par masselotte en avant de sa charnière et placer celle-ci peu en avant du centre de poussée de l’aileron pour qu’il soit presque neutre aérodynamiquement (il faut bien lui garder un peu de rappel aérodynamique sinon le pilote n’aurait aucun retour d’effort).

Et nous ? On n’est pas dans le modèle mais le flutter s’entend, parfois se voit (souvent trop tard) et casse les pignons de servo…avant le reste.

1 vidéo pour voir vraiment le phénomène:  ici. 

Les vitesses extraordinaires atteintes en « dynamic soaring » sont le résultat du travail de labos d’aérodynamique.
 Le progrès n’est jamais fini. Rassurant non ?