L'ours et l'arc-en-ciel

 Le moniteur, plongé dans de vieilles revues, est silencieux (pour une fois). 

    Lulu lui demande s’il est malade. 

    - Meuh non ! je m’esbaudit devant ces deux merveilles mal connues de nos incultes contemporains : le Républic Rainbow et le Tupolev 95 ( Bear pour l’OTAN ). Ces quadrimoteurs à hélices furent des sommets d’achèvement et témoignent de l’intelligence de leurs concepteurs. 

    Kartvelli, émigré russe aux States, est connu pour le Thunderbolt, le F 105 Thunderchief et le petit hydro Seabee avec Spencer… Mais avec Michel Wibault, émigré français à qui on devra le Harrier britannique, il a fait le Rainbow : 
Un document, très complet, traite du sujet. 

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    Quatre fois 3 000 cv turbocompressés dans des nacelles lisses. Les prises d’air annulaires autour des cônes et en bord d’attaque entre les moteurs, les sorties propulsives en cul de nacelles. La verrière de planeur s’escamotait pour découvrir un pare brise plus commode pour les atterros, comme sur Concorde, je te laisse juge de la ligne générale de l’engin ! Des perfos exceptionnelles récompensaient la qualité de la conception : 700 km/h à 15 000 m et des taux de montée de chasseur : sur 2 moteurs seulement il montait aussi vite que les autres quadri de l’époque ! 

    - Je constate encore, dit Lulu, que les ricains font des trucs super quand c’est des européens qui dessinent ! 

    - Je reconnais bien là ton chauvinisme cocardier… mais pas faux ! 

    Quand Tupolev sortit le 95 avec 4 turbines de 6 000 bourrins chacune (14 000 actuellement : record toujours inégalé) tournant des immenses hélices contrarotatives à régime lent les journaleux se gaussèrent car on était au siècle du réacteur ! Ils ont eu tort comme de coutume car le BEAR vole toujours et avec des perfos de jet… en plus économique à basse altitude. 

    90 Tonnes à vide et 188 en charge : rapport exceptionnel témoin de qualité constructive récompensée par 12 000 km. d’autonomie. Le rendement d’hélice est le meilleur au monde et les vieux Ours veillent encore aux frontières russes. 

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    - Comme quoi, conclut philosophiquement Lulu en partant vers la cuisine, c’est toujours le jus de cervelle qui fait 
l’avantage... Camomille pour la tisane ?