Un triangle obsédant

L’Ahuri galère avec la correction de cap par vent de travers (il n’est pas le seul) et le Matheux, appelé en secours, lui dit qu’il est plus facile et rapide de tracer le triangle des vitesses.

Certes, répond l’Ahuri, mais je m’emmêle dans les flèches !…et les deux compères de se tourner vers le brave moniteur, l’accusant quasiment de pédagogie inefficace.

C’est l’heure du petit déjeuner et l’escadrille semble peu réceptive; à preuve: le lait est en train de déborder! Mais il faut profiter du calme (rare) de l’assistance et le moniteur va au tableau noir.

La p’tite Lulu a sauvé le lait du désastre et touille pour son moniteur préféré un excellent chocolat. C’est sa façon de lui dire que s’il n’est pas rapide ça va refroidir; qu’alliez-vous imaginer? 

Il écrit au tableau l’ordre à suivre: route…vent…avion.

Il dessine une flèche et commente:

La première flèche c’est le cap de la route qu’on veut suivre.

La deuxième flèche, avec le même point de départ, c’est le vent, sa direction et sa vitesse à une échelle à votre guise…par exemple 30 centimètres pour 30 km/h. A la pointe de la flèche du vent on pose la pointe du compas et on l’ouvre, à la même échelle, à la vitesse air de l’avion, par exemple 120 km/h. donc 120 cm.

La perfide Lulu ne peut s’empêcher de murmurer assez fort pour qu’on l’entende que s’il avait pris le TB 20 à la place du Piper il sortait du tableau!

L’arc tracé par le compas va couper la route quelque part …et le triangle des vitesses est fini!

Évidemment le compas est trop petit et Lulu sauve son moniteur en lui tendant une ficelle et d’un battement de cils lui signifie qu’il est vraiment une tête d’oie.

Vous  mesurez la vitesse sol sur route entre le point de départ et le croisement de la route …et de la ficelle. La correction de cap c’est l’angle que la ficelle fait avec la route.

L’ahuri trace un exemple sur un papier en commentant:

Je  pose mon planeur modèle réduit à 30 km/h. avec 10 km/h de vent de travers…

Je mesure au rapporteur l’angle à décraber : 17°! 

Il est tout content mais tout le monde fait la gueule parce que l’excellent chocolat a refroidi.

Le matheux sauve l’ambiance en disant que le navigateur qui trace sa correction de cap avec un compas d’écolier, ça a une autre gueule que celle des nuls qui suivent un ordinateur qui a  des piles vides!

 Ce retour à l’époque de l’Aéropostale rend songeuse toute l’escadrille.

 On est les meilleurs!