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Akaflieg

L’Akaflieg de Braunschweig vient finir l’année scolaire à Moulins avec ses derniers protos (SB 10…SB 13), quelques jeunes ingénieurs sortants et vieux profs ; ils sont reçus avec l’intérêt qu’on devine et les plus rusés d’entre nous intriguent déjà bassement pour obtenir un vol sur le planeur le plus grand et le plus performant au monde…et le premier où il y a du carbone !

Caractéristiques du planeur SB10

Caractéristiques du planeur SB13


Le SB 10 est une chimère : Il a des ailes de SB 9, rallongées par une partie centrale munie de volets de courbure pour l’atterrissage. Les empennages sont classiquement cruciformes et l’immense drapeau (en bois) de dérive comporte un servo tab (dont l’ampleur de braquage est réglable au sol en changeant de trou sa biellette dans la corne) pour diminuer à la demande l’effort au pied à grande vitesse. L’avant du fuselage biplace est un treillis de tubes soudés caréné d’une coquille légère en fibre de verre ; l’arrière est un cône en dural roulé. Les ailes externes sont en fibre de verre et la partie centrale en fibre de carbone .
En montant dedans (il faut un escabeau car la roue est grande à cause des 600 kilos à vide et le train haut pour que les ailes souples ne touchent pas le sol sur atterro rude) on découvre un vrai capharnaüm : partout des trous inoccupés (c’est un proto, commandes et pendules ont voyagé avant de trouver leur place) , des fils électriques, des supports d’instruments d’essai…Au milieu de tout le bazar on déniche quand même les indicateurs de base .
On se fait expliquer les particularités du monstre avant de le rentrer pour la nuit dans le hangar ; les marginaux longs ne sont pas montés car les 26 m. actuels (envergure max. = 29 m. !) tiennent tout juste dans sa diagonale. Surprise : Le B.O. qu’on glisse sous la roue pour manœuvrer est une antiquité qui a dû connaître des jours moins fastes car c’est indubitablement (des inscriptions gothiques le confirment) sous un intercepteur-fusée Me.163 qu’il a précédemment servi ! Ce diable de planeur a battu tous les records du monde en Australie, seul terrain de jeu à sa mesure.
L’autre machine exotique est l’aile volante SB 13 : Un œuf  sur deux roues de scooter à la pointe d’une aile rectangulaire en flèche aux marginaux relevés formant dérives. On nous expose une plage réduite de centrage, une vitesse max timide due au risque de flutter, et un comportement douteux en vrille qui a conduit à installer deux parachutes de fuselage qui ramènent l’engin au sol avec le pilote dont l’avenir en cas d’évacuation sur vrille est menacé par la rotation des dérives-hachoirs (ach ! humour gothique ! ) .
On parvient à garer les machines de nos invités et les conversations durent longtemps après le repas du soir.
Dans la semaine après ma journée de cours je me trouve à voler sur Pégase en compagnie du SB 13. La finesse de l’aile volante en ligne droite est égale à celle d’un Standard moderne mais en spirale les choses se gâtent car la faible raideur en lacet ne favorise pas la stabilité dans l’ascendance et je monte mieux sans application particulière. Je me pose à la suite de l’aile dont le train bicycle monotrace à assiette fixe démontre encore une fois sa malcommodité par empattement insuffisant, trop de hauteur ou calage inapproprié (mais il faut bien éviter le sol aux marginaux à l’arrondi). Il est inutile d’espérer tâter à l’engin qui n’a que deux Deutsche prüfungsführer agréés mais je fais passer l’annonce de sa présence à Moulins à Patrick Baudry en son lieu de travail au cas où il voudrait le voir profitant de ses déplacements Toulouse-Paris avec son avion. Il ne pourra venir et un gus de sa boîte passera…mais trop tard.

Par un beau soir calme où le majestueux SB 10 rentre d’un grand vol je rejoints son équipage pour leur donner le coup de main coutumier et pratiquer ein bischen meine kleine verlorene deutsche Gespräche (c’est sùr y’a des fautes de déclinaison).
Comme le remorqueur est encore en piste je me vois proposer …d’essayer die grosse Machine ! Fertig ? Los ! On monte, on est lourd derrière le remorqueur mais y’a des grandes ailes .
Mein Gott ! Le premier au monde à plus de 50 de finesse ! L’inertie des ailes en lacet est Kolossale, il faut beaucoup anticiper et être parcimonieux dans les actions car l’aile plie au moindre G et se tordrait si on braquait les ailerons à fond à grande vitesse.
-Comme le B 47 me dit en rigolant le goth qui est derrière (comment le sait-il?)   et attention de ne pas spiraler trop serré car la différence de vitesse entre les marginaux engage dangereusement le virage ! – Jawohl , zum Befehl .
La flexion donne un dièdre qui permet de tourner uniquement à la direction avec un roulis induit très net qui ne surprend pas le modèliste et comme j’en fais la remarque le goth me dit en s’esclaffant derechef que ses élèves commencent par là et que le Vaterland est le berceau du Modélizmus.
Quand je lui dis qu’avec un ami on fait toujours voler un Cirrus Graupner de 1973 il s’enthousiasme et dit qu’il a le même ! Kamerad !
Notre vitesse de chute ridicule, encore réduite par la restitution thermique des étangs, prolonge le vol et je mesure la chance que j’ai de piloter une machine unique et historique.
On rentre et der Herr Professor Doctor me montre ein kurtz Landung: Il sort le train, baisse les volets assistés par un fort ressort (on ne peut plus les rentrer seul), sort tous les AF et on prend une pente impressionnante sans accélérer tandis qu’il bougonne que ce serait encore mieux s’il avait la place d’installer ein swanz Fallshirm… Arrondi dans la foulée et on est arrêtés dans un espace ridicule pour une so Kolossale machine.  Ich gratuliere der Professor-Doctor  mit hochagtunsvoll.
La bière va couler ce soir !


Date de création : 18/07/2017 10:37
Dernière modification : 18/07/2017 15:25
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